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Page:Rilke - Poésie (trad. Betz).pdf/129

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POURTANT — QUOIQUE CHACUN SE FUIE…

Pourtant, — quoique chacun se fuie soi-même,
comme une prison haïe qui vous tient, —
un grand miracle s’accomplit dans l’univers.
Malgré tout, je le sens : toute vie est vécue.
Qui donc la vit ? Sont-ce les choses
qui demeurent le soir présentes dans la harpe
comme une mélodie que nulle main ne joue ?
Sont-ce les vents venus de flots lointains ?
Sont-ce les branches qui se font des signes ?
Sont-ce les fleurs qui tissent des parfums ?