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Page:Rilke - Poésie (trad. Betz).pdf/39

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AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR

Rilke tenait pour une trahison de sa poésie toute traduction qui ne restituerait pas, en même temps que sa pensée, le mouvement intérieur, le rythme et la musique de l’original. Se contenter d’un mot à mot, si minutieux fût-il, c’était à ses yeux dépouiller l’œuvre d’une partie essentielle d’elle-même en la ramenant au plan secondaire de l’analyse, c’était substituer à un corps vivant une figure de cire, un cadavre glacé.

Dans le présent recueil, le traducteur s’est efforcé, malgré les obstacles que la langue française oppose à une telle tentative par la fixité des rapports qu’elle établit entre les mots, par son vocabulaire trop abstrait et par l’enchaînement logique de ses constructions, de se conformer le plus possible à ces exigences formulées par le poète avec une insistance significative. L’entreprise s’est révélée plus difficile à mesure que l’on abordait les œuvres les plus hautes et les plus parfaites de Rilke.

Cependant, une grande prudence s’imposait dans une telle tentative de traduction rythmée. Ainsi que Rilke l’a lui-même justement observé, la langue française « académise » parfois dangereusement les poèmes étrangers soumis à son empreinte, et si l’on veut échapper