Aller au contenu

Page:Rilke - Poésie (trad. Betz).pdf/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

EXORDE

Qui que tu sois : le soir venu,
sors de ta chambre où tu sais tout ;
de ta maison proche du large.
Qui que tu sois.
De tes yeux fatigués et qui ont peine
à s’affranchir du seuil usé,
tu dresses lentement un arbre noir,
le poses dans le ciel, tout seul et droit.
Et tu as fait le monde : un monde grand
ainsi qu’un mot mûrit dans le silence.
Et tandis que ta pensée le comprend,
tes yeux tendrement s’en détachent…