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Page:Rilke - Sämtliche werke zweiter band (extrait poèmes composés en français), 1963.djvu/180

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L’ATTENTE


C’EST la vie au ralenti,
c’est le cœur à rebours,
c’est une espérance et demie :
trop et trop peu à son tour.

C’est le train qui s’arrête en plein
chemin sans nulle station
et on entend le grillon
et on contemple en vain

penché à la portière,
d’un vent que l’on sent, agités
les prés fleuris, les prés
que l’arrêt rend imaginaires.


À JEAN-LOUIS VAUDOYER


« À cette époque, Aubanel ne sait pas qu’il aime, qu’il aümera bientôt… »


C’EST déjà trop osé, quand il faut dire : j’aime.
C’est un trop brusque fait qui démolit les mots.
Ne serait-ce de nos cœurs la faculté extrême
de chanter : je suis seul, maïs j’aimerai bientôt.
Car dire : J’ai aimé…, hélas, les pleurs s’y mêlent.
C’est une de nos fleurs emportée par les eaux.
Si debout qu’elle soit, d’ériger une stéle,
c’est obéir à un tombeau…