Page:Rimbaud - Poésies, 1919, éd. Berrichon.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Première soirée

« — Elle était fort deshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise, Mi-nue, elle joignait les mains Sur le plancher frissonnaient d’aise Ces petits pieds si fins, si fins

– Je regardai, couleur de cire Un petit rayon buissonnier Papillonner dans son sourire Et sur son sein, – mouche au rosier

– Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal Qui s’égrenait en claires trilles, Un joli rire de cristal

Les petits pieds sous la chemise Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! » – La première audace permise, Le rire feignait de punir !

– Pauvrets palpitants sous ma lèvre, Je baisai doucement ses yeux : – Elle jeta sa tête mièvre En arrière : « Oh ! c’est encor mieux !