Page:Rimbaud - Reliquaire, poésies, Genonceaux, 1891.djvu/122

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Oh mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n’a que l’image
De la Notre-Dame :
Est-ce que l’on prie
La vierge Marie ?

J’ai tant fait patience
Qu’à jamais j’oublie.
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.

Ainsi la prairie
À l’oubli livrée ;
Grandie et fleurie
D’encens et d’ivraie ;
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.

Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! que le temps vienne
Où les cœurs s’éprennent !