Page:Rimbaud - Reliquaire, poésies, Genonceaux, 1891.djvu/157

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Et quand, ayant rentré tous ses nœuds d’hystéries
Elle verra, sous les tristesses du bonheur,
L’amant rêver au blanc million des Maries,
Au matin de la nuit d’amour, avec douleur :

VII

« Sais-tu que je t’ai fait mourir ? J’ai pris ta bouche,
Ton cœur, tout ce qu’on a, tout ce que vous avez ;
Et moi, je suis malade : oh ! je veux qu’on me couche
Parmi les Morts des eaux nocturnes abreuvés !

J’étais bien jeune, et Christ a souillé mes haleines.
Il me bonda jusqu’à la gorge de dégoûts !
Tu baisais mes cheveux profonds comme les laines,
Et je me laissais faire… ah ! va, c’est bon pour vous,

Hommes ! qui songez peu que la plus amoureuse
Est, sous sa conscience aux ignobles terreurs,
La plus prostituée et la plus douloureuse,
Et que tous nos élans vers vous sont des erreurs !

Car ma Communion première est bien passée.
Tes baisers, je ne puis jamais les avoir sus :
Et mon cœur et ma chair par ta chair embrassée
Fourmillent du baiser putride de Jésus…