Page:Rimbaud - Reliques, 1921.djvu/15

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Isabelle Rimbaud apparaît comme une de ces images mutilées de saintes qu’on trouve parmi les ruines de chaque église dans les régions qui furent envahies, comme cet ange de la cathédrale bombardée qui figure à la fin de son livre de guerre où sa voix est la plainte même des pierres de Notre-Dame de Reims. On la voit droite,bonne, ardente de foi et de pitié, avec une certaine sécheresse de lignes, une rigidité silencieuse, — pierre ou bois, marbre ou chair, mais taillée en divin, — et on la considère avec émotion pour ses souffrances de statue d’église, pour sa tendresse, ses paroles et sa noble attitude.

Sa tendresse d’abord, certes. Car elle a brûlé sans répit d’un feu que sa confiance chrétienne et la plus haute idée du devoir attisaient. Après une enfance provinciale assez douce près de sa mère,