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PRÉFACE

Une fillette de dix ans, mince dans un tablier bleu, ses cheveux foncés en rouleaux sur son front lumineux et le long de son cou gracile, ses traits fins annonçant la beauté qui sera la sienne plus tard, ses larges yeux pleins de réflexion, sa bouche serrée sur le mystère de ses pensées, femme à l’extrême déjà par le besoin d’adorer : telle était Isabelle Rimbaud en 1870, à Charleville. Sa vie, si calme jusqu’à cette date calamiteuse, allait apprendre la crainte et l’angoisse et ces tourments dont souffre tout être qui attache son cœur au cœur d’un autre être.

Sous ses dehors réservés de petite fille bien élevée, elle cachait une âme avide de se dévouer. D’abord, avec ardeur, sans même le savoir, — elle saura plus tard ! — elle aimait la vie. Les farouches paysages ardennais la pénétraient de tendresse. Quand, aux jours de congé. Madame Rimbaud emmenait ses enfants dans cette