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Page:Ringuet - Le Poids du jour, 1949.djvu/140

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LE POIDS DU JOUR

— … Enfin voilà quelqu’un de solide, et de jeune ; et qui a l’air dégourdi. Justement nous avons besoin pour notre régiment d’hommes comme vous. Nous manquons de sous-officiers. Vous ne pourriez pas tomber mieux.

L’homme ne disait rien. Il regardait sans la voir une affiche violemment colorée qui éclaboussait le mur. Elle montrait une femme, jeune, vêtue d’un drapeau belge et qu’un soldat à face verte, aux yeux exorbités, à la bouche baveuse, traînait par les cheveux. Au-dessus, le portrait de Sa Majesté le roi George en uniforme d’amiral.

— Mon vieux, continuait le sergent, tandis que les deux acolytes appuyaient de la tête, dans un mois vous pouvez être caporal. Par la large baie vitrée, le soleil entrait et illuminait sur le plancher la mare qui de minute en minute s’agrandissait sous les pieds de l’homme.

— En attendant, vous êtes logé, nourri, habillé et vous recevez par jour, juste pour les cigarettes et la bière, une piastre et dix, oui, une piastre et dix… Trente-trois piastres par mois. C’est pas croyable. En plus, si vous êtes…

Michel eut un mouvement du bras, un geste bref mais qui repoussait tout ce qui pouvait être devant et autour de lui.

« Où est-ce qu’on signe ? »

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE