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Page:Ringuet - Le Poids du jour, 1949.djvu/24

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LE POIDS DU JOUR

L’enfant bondit, bouche ouverte et sa casquette tomba par terre. Un violon, à lui !

— Non ! pas vrai, mon oncle, vous me donneriez un violon ?

— Si tu arrives premier en arithmétique, oui, mon gars. Je te rapporterai de Montréal un violon, un vrai !

L’enfant s’était levé, oubliant sa casquette, oubliant de dire merci. La porte était ouverte ; il se jeta dehors en courant.

Quand vint le jour de la distribution des prix, il n’y en eut qu’un au nom de Michel Garneau : celui de mathématiques.

Avec sa mère il quitta la séance sitôt fini le protocole. Le cœur battant, il ne demandait rien. Il suivit Hélène qui, au lieu de prendre le chemin de la maison, prit la Grande-Rue. Arrivée au coin de la rue Saint-Antoine, elle ne dit mot ; mais le regardant du coin de l’œil, elle le poussa légèrement du coude pour qu’il tournât.

Dix minutes après il sortait du bureau de monsieur Lacerte tenant couché dans ses bras, comme une mère tient un enfant, une boîte noire de forme bizarre, son violon !

Mais sans qu’il le sût, entre parrain et sa mère, son avenir avait été décidé.

Il ferait du commerce.