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Page:Ringuet - Le Poids du jour, 1949.djvu/333

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LA SOUMISSION DE L’HOMME

Ce qui le rassurait toutefois sur le danger et l’effet de ces équipées, était qu’on les voulût entreprendre avec, comme seule arme, l’imprimé. Rien de bien sérieux, évidemment, ni qui puisse mener bien loin. Tous ces jeunes croisés joueraient ainsi à la révolution jusqu’au jour où lassés du jeu, assagis par l’âge et l’expérience, ils se rendraient compte que le soleil continue de luire impassible, la terre de tourner sans hâte ni retard. Jocelyne, instinctivement, n’était pas loin de penser comme son père.

Et si par hasard ils allaient réussir ? un tant soit peu ! Garneau n’en serait pas autrement fâché. Au fond il ne lui déplaisait point que l’on s’attaquât à un monde qui à son endroit n’avait pas été généreux. Il gardait secrètement rancune aux choses et aux hommes de n’avoir pas répondu à ses espoirs, de n’avoir pas cédé à ses ambitions et à sa volonté.