Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/103

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vu les gendarmes travestis en civils ; les agents de la force publique mobilisés avec ordre de ne pas saisir ceux contre qui on les mobilisait, et réduits à s’arrêter les uns les autres ; où des chouans, devenus les serviteurs attitrés de la police, recevaient et acceptaient mission de s’employer contre d’autres chouans ; où l’ambition d’accaparer le monopole de la réussite compromet et supprime toutes les chances de réussir, et ne laisse derrière elle qu’un dépit d’avoir échoué se traduisant en récriminations réciproques ; où il n’y eut unanimité que dans les plaintes de ceux qui y furent mêlés, contre les collaborateurs dont ils avaient contrecarré l’action. Il est intéressant, à ce point de vue, de voir quelle était, au lendemain des événements, l’impression des autorités. Divers documents la font connaître.

Le Préfet de Loir-et-Cher écrivait[1] : « L’affaire de la rançon a échoué parce qu’on a employé trop d’agents ; parce que ceux-ci ont eu des opinions contradictoires ; parce que trop de personnes ont été dans le secret, et par les confidences de Mme Clément de Ris à son hôte, et par les avis qu’elle a peut-être donnés elle-même aux brigands de ne plus se présenter.

« On ne peut que respecter le sentiment qui lui faisait contrarier les vues du Gouvernement ; mais il n’en est pas moins résulté un obstacle de plus à l’accomplissement de ces vues. En outre, l’idée d’observer les brigands, de les laisser prendre l’argent, et de les suivre n’importe où ils allassent (telles étaient les instructions données par l’Aide de camp Savary), était inexécutable.

  1. Lettre au Ministre de la Police, – 12 vendémiaire.