Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/112

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Le lendemain donc (14 vendémiaire) le Préfet se rendit à Beauvais, y passa la journée entière, et eut tout loisir d’entendre Mme Clément de Ris, de pénétrer ses intentions, d’examiner avec elle la conduite à tenir. Elle dit la visite de Sourdat, ses promesses, ses avis, l’engagement pris par elle vis-à-vis de lui, et son regret de l’avoir pris quand, à Beauvais, elle avait trouvé la lettre des brigands. Elle confessa son angoisse. Manquer à sa parole lui aliénait un auxiliaire fort de la confiance de Fouché et qui avait su gagner la sienne ; la tenir exposait elle et les siens à ces incalculables malheurs dont on la menaçait. Où qu’elle se tournât, elle ne voyait que sujets d’alarmes. Le Préfet compatit à son inquiétude et combattit son appréhension. Aux motifs qu’elle voyait de craindre, il opposa les raisons qu’elle avait d’espérer. Il représenta le danger de toute démarche contraire aux désirs du Ministre, et il ne quitta pas Beauvais sans avoir obtenu promesse que Mme Clément de Ris le préviendrait fidèlement des tentatives faites auprès d’elle par les brigands, et ne poursuivrait avec eux aucune négociation directe[1].

Cette promesse fut-elle une feinte ? Le Préfet du Loiret[2] l’affirme, Carré de Busserolle le répète, et un fait indéniable semble leur donner raison : le 20 vendémiaire arrivèrent à Orléans, porteurs de la rançon convenue, les citoyens Bruley et Guizol, tous deux de l’intimité des Clément de Ris. Mais, par ailleurs, existe une autre preuve,

  1. Lettres du Préfet d’Indre-et-Loire au Ministre de la Police (15-17 vendémiaire).
  2. Lettre du Préfet du Loiret au Ministre de la Police (22 vendémiaire).