Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/221

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décidé à faire respecter les témoins. Il ne veut pas qu’ils puissent être intimidés soit par les accusés, soit par les défenseurs[1]. »

Cette lettre était accompagnée d’une demande de renseignements sur les acquisitions de biens nationaux faites, à l’époque révolutionnaire, par Clément de Ris. Celui-ci se hâta de les fournir[2] et profita de la demande – et de sa réponse – pour appeler l’indulgence du Tribunal sur les prévenus, particulièrement sur celui qui avait été son gardien dans le souterrain :

« Votre question me rappelle un reproche qui me fut adressé dans mon horrible caveau par un des brigands qui me gardait. Il me dit un jour que j’étais accusé par ses camarades de m’être énormément enrichi par la Révolution[3]. Au reste, puisque je vous parle de ce malheureux, je dois

  1. Lettre du 30 fructidor. Correspondance privée de Clément de Ris.
  2. « J’en ai, dit-il, acquis quatre en 1791 : le premier, nommé La Lagagnerie, commune de Courçay, provenant des vicaires du chapitre de Saint-Martin de Tours, affermé 620 francs ; le deuxième, La Thuilerie, commune d’Athée, provenant des Augustins de Tours, affermé 200 francs, sans compter cinq arpents de vignes ; le troisième, commune de Montlouis, provenant du prieuré du lieu, produisant environ 120 francs ; et le quatrième, consistant en trois arpents de prés, provenant du chapitre de Saint-Martin, situé dans Azay, ma commune, du revenu d’environ 200 francs. Le montant des adjudications est de 55 à 60.000 francs dont j’ai payé le prix comptant en 1791, dans un temps où les assignats étaient au pair de l’argent, ce qui m’a fourni un placement à deux ou deux et demi pour cent tout au plus. Voilà toute ma richesse en biens nationaux, ce qui, comme vous voyez, me dédommage fort mal de 25.000 francs de rentes que j’ai perdus par suite de la Révolution. »
  3. C’est aussi la raison que Leclerc avait donnée, à son hôtesse de Sorigny, de l’arrestation de Clément de Ris (voir page 167).