auxiliaire commode et peu gênant, soit ; mais auxiliaire dangereux, la même faiblesse de caractère, qui permettait d’escompter sa complaisance, donnant à redouter ses défaillances. Admettons que Fouché eût préparé son Coup d’État ! quelle apparence qu’un esprit si avisé ait écrit et gardé des lettres, des brouillons de proclamations, et fait imprimer d’avance des affiches ? quelle apparence que ce prudent ait chargé un tiers de détruire ce que lui-même pouvait aisément et sûrement anéantir en quelques heures ? Or entre le 20 juin et le 2 juillet, date du retour de Bonaparte, onze jours pleins s’écoulèrent. Supposé enfin que ce soin eût été remis à Clément de Ris, quelle apparence que celui-ci se soit exposé au péril de conserver et de détenir des pièces accusatrices contre lui chétif, autant que contre le puissant et vindicatif Fouché ?
Il y a plus. M. Carré de Busserolle, un des plus complaisants échos de ce roman politique, a fait état, dans son livre sur l’affaire Clément de Ris, des révélations contenues dans les Mémoires inédits d’A. de Beauchamp[1]. Il les cite à tout propos, et jamais n’élève un doute sur leur véracité. Sans partager sa confiance, nous avons le droit d’emprunter à la source, où il puise ses preuves, une preuve qui le condamne : « On croit pouvoir affirmer, lisons-nous dans ces Mémoires, que ce n’est pas précisément à Clément de Ris qu’en voulaient les chouans. Charles G...[2] m’a dit qu’on avait tiré