Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/56

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méfaits d’une sorte d’étiquette politique ; sans doute aussi d’anciens combattants des armées vendéennes avaient gardé de leur vie d’aventures le mépris de tous scrupules et l’habitude de la rapine ; mais il existait, en outre, une chouannerie organisée, quasi officielle, qui proclamait légitimes représailles le pillage des fonds publics, l’attentat contre les détenteurs de biens nationaux, le meurtre des anciennes autorités jacobines. Les départements d’Indre-et-Loire, de la Sarthe, de la Mayenne, étaient infestés de bandes armées, composées « d’hommes de tous les pays[1] » dont l’approche était terreur et dont l’audace croissait avec l’inertie des gouvernants.

Tant d’anarchie avait épuisé ce qui restait en Clément de Ris d’énergie, de confiance dans les hommes, de foi dans les principes. Où avaient abouti les espérances de jadis ? Qu’avait-on recueilli de tant d’efforts, de tant de sacrifices ? Un présent plein de troubles, un lendemain plein d’incertitudes. Il était – et combien d’autres avec lui ! – las de ces divisions funestes aux classes laborieuses ; las de ce personnel politique, impuissant à rien fonder, moins soucieux d’assurer le règne de la justice et de la liberté qu’attentif à semer la défiance. Après fructidor, il gémissait encore que « l’audace et la perfidie des ennemis publics eussent mis les républicains dans la nécessité de sortir un moment de la ligne constitutionnelle ». Maintenant, il admettait l’opportunité de substituer, fût-ce par un coup de force, à un gou-

  1. Lettre du citoyen Bernard, Commissaire du Directoire exécutif, près l’administration de la commune de Montlouis (4 septembre 1799).