Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/67

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une trappe, dans un souterrain, ne recevant d’air et de jour que par la trappe.

Alors seulement, autorisés à retirer leurs bandeaux, le chirurgien et le Sénateur se reconnaissent. Mais défense leur est faite d’échanger une parole, un signe. Un brigand les garde, sans qu’ils puissent distinguer ses traits ; il a la tête enveloppée d’un voile noir percé de trous à la hauteur de la bouche, du nez et des yeux, ou plutôt, – particularité qui plus tard sera notée, – vis-à-vis du seul œil droit. Les malheureux sont harassés, surtout Clément de Ris. On le serait à moins ; sa cruelle odyssée a duré plus de douze heures ! On leur apporte de la paille pour s’étendre. Ils ont faim : par la trappe, qu’on laisse levée durant le repas, on leur descend du jambon, des artichauts cuits, un melon, du pain de ménage, et du vin très mauvais sans gobelet pour le boire.

La journée du 2 se passe ainsi, sous la surveillance tantôt du brigand voilé, tantôt d’un paysan dont un voile cache également les traits. À un moment, effrayés par le tocsin qui sonne de divers côtés, tous les brigands viennent, avec leurs armes, les rejoindre dans le souterrain. Au soir tombant, ils remontent et laissent les prisonniers avec leur gardien. Bientôt le chef revient, muni d’une chandelle, d’encre, de papier, de plumes. Il fait sortir le chirurgien et le brigand de garde, et, seul avec le Sénateur, lui dicte une lettre pour sa femme. Cette lettre supplie Mme Clément de Ris, – il y va de la vie de son mari, – de réunir promptement une somme de cinquante mille francs, et de la porter,