Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/88

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pillage : « C’est en vain, disait-il, qu’on a prétendu les ramener en leur offrant une grâce dont ils ne sont pas dignes, et qui n’est qu’un moyen de se soustraire au supplice, lorsque, forcés dans leur retraite, ils sont dans l’impossibilité de se défendre. Cependant les ennemis de la patrie, les émigrés profitent de cette situation pour rentrer en France. Ils se disent chouans et obtiennent, en cette qualité, des sauf-conduits. » S’étonnera-t-on si Fouché, à la nouvelle de l’enlèvement, n’avait pas hésité à l’attribuer aux chouans[1] ? Que Savary, par suite, ait adopté l’opinion contraire, on ne s’en étonnera pas davantage.

Dès le premier entretien, le Préfet et lui étaient tombés d’accord : il fallait tirer au clair l’histoire de la rançon et s’assurer des dispositions de Mme Clément de Ris. Savary retourna donc à Beauvais le lendemain (6 vendémiaire). Le chirurgien Petit s’y trouvait : bonne occasion de faire double coup.

Mise en demeure de s’expliquer, Mme Clément de Ris, cette fois, ne put se dérober. Elle montra la lettre de son mari, dit ses craintes et son dessein. Savary feignit d’entrer dans ses raisons. Il approuva sa prudence, l’encouragea dans sa résolution, offrit ses bons offices et gagna sa confiance. Alors, insensiblement, il la ramena à un examen plus réfléchi de la situation. Il représenta les inconvénients d’un excès de complaisance envers les coupables. Favoriser leur impunité, les aider à braver la loi, exposait le Sénateur dans

  1. A. de Beauchamp (Mémoires inédits) affirme positivement que le but des ravisseurs avait été de « se procurer cinquante mille francs pour recommencer la guerre imminente ».