Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/90

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un homme fort adroit ». Il se fit raconter toute l’odyssée du chirurgien, depuis son arrestation au bourg d’Athée jusqu’au moment où, laissé libre à l’orée de la forêt de Loches, il avait entendu à distance l’horloge de Montrésor battre huit heures[1]. Petit dit ce qu’il savait, ce qu’il avait vu, et, à défaut de ce qu’il n’avait pu voir, ce qu’il avait entendu ou induit ; il donna le détail des mets servis au repas dans le souterrain ; il indiqua, d’après ses calculs sur la durée du trajet et ses observations au cours de sa captivité, à quelle distance et dans quelle direction devait se trouver la cachette du Sénateur.

Muni de ces renseignements, qui limitaient à une région plus précise le champ des investigations, Savary prit congé, revint à Tours, et s’empressa de mettre le Préfet et le Général Liébert au courant de ce qu’il venait d’apprendre.

La tournure prise par l’affaire plaçait le Préfet dans une situation délicate. Galant homme, en relations personnelles avec M. et Mme Clément de Ris, il désirait complaire à cette dernière, dont il comprenait et partageait les appréhensions. D’autre part, il craignait de mécontenter Savary, tout puissant du crédit attaché à ses fonctions d’Aide de Camp et d’envoyé extraordinaire de Bonaparte. Par ailleurs, relevant du Ministre de la Police, il était obligé, – il y allait de sa place, – de prendre et de suivre les instructions de Fouché, et celui-ci le pressait d’agir sans s’inquiéter d’autre chose que des intérêts de la justice : « Les sentiments particuliers de Mme Clément de Ris pour la sûreté de son mari sont, écrivait-il, très

  1. Voir page 54.