Page:Riotor - Le Mannequin, 1900.djvu/37

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que nul ne s’avisait plus de torturer, les femmes avaient reconquis la liberté de leurs jambes avant leurs droits politiques. Un temps succédera où ces membres, comprimés d’un étroit fourreau d’étoffe, permettront à peine de s’asseoir ou d’avancer à petits pas.

En voici, en voici des déformations de la Mode, des paysages divers, des belles natures dénaturées ! Les épaules rondes, carrées, droites, infléchies, les lignes voluptueuses cassées d’angles multiples, les chairs tassées, pressées, déprimées. Les hanches aux courbes d’amphore, hanches d’éphèbe ou de cavale, hanches rondes,hanches libertines, hanches élastiques et provocantes, hanches irascibles, hanches maigrichonnes, hanches décadentes et sans cuisses, hanches savantes des Vénus retrouvées, hanches aplaties des esthètes, hanches énormes des callipyges, hanches rembourrées des truqueuses !

Et toute la série des gorges, en pommes et en poires, gorges de duchesses ou de piqueuses de bottines, mafflues ou graciles, évidées ou rebondies, triomphales ou surbaissées, fières de leur virginité sotte, honteuses de la succion répétée des meurt-de-faim, relevant haut leurs mamelons roses, pointant le menton, ou glissant mollement sur les bras du valseur ! Tantôt ces seins dans leurs niches veulent escalader les bras et les épaules, énormes et tapageurs, tantôt ils