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La Conſtance eſt vn ferme propos de reſiſter aux douleurs du corps, & de teſmoigner autant de vertu qu’il en faut, pour ne ſe point laiſſer vaincre ny aux inquietudes de l’eſprit, ny aux paſſions de l’ame, ny aux diſgraces de la Fortune. Ce qu’elle porte la main ſur vne Colomne eſt pour mieux s’affermir en ſon aſſiette, ſuiuant ce Prouerbe ; Qui bien s’appuye, tombe rarement. En effet eſtre conſtant, n’eſt autre choſe que ſe monſtrer ferme & inebranlable en toutes les raiſons qui pouſſent l’entendement à quelque reſolution.

Quant à l’Eſpée qu’elle tient nuë au milieu du feu, cela ſignifie que ny le fer ny la flamme n’eſtonnent iamais vn courage armé de Conſtance : Car tant qu’il a pour rempart vne ſi forte vertu, il peut dire hardiment auec Enée dans Virgile,

Pour moy le mauuais Sort ne change point de face,
Et ie ne voy iamais de nouuelle diſgrace ;
Pource que des mal-heurs dont ie ſuit menacé,
Ie crois ſouffrir les coups auant qu’eſtre bleẞé.



Conscience. XXXII.


ELle regarde fixement vn Cœur, qu’elle tient entre ſes mains ; au deſſus duquel ſont eſcrites ces paroles en lettres d’or, ΟΙΚΕΙΑ ΣΙΝΕΣΙΣ, comme qui diroit : La propre Conſcience ; ſe trouuant au reſte bien empeſchée de ſe voir pied nud entre vn pré ſemé de fleurs, & vn champ tout plein d’eſpines.

La Conſcience ne pouuant mieux eſtre defnie qu’vne ſecrette connoiſſance qu’ont les hommes de leurs actions, & de leurs plus ſecrettes penſées ; ce n’eſt pas ſans ſujet qu’on la repreſente icy regardant vn Cœur, pour monſtrer par là,

Que nul ne peut ſe cacher à ſoy-meſme.

Que ſi de quelque coſté qu’elle ſe tourne, elle n’y void que fleurs & qu’eſpines, c’eſt pour nous apprendre, Qu’il y a parmy nous deux chemins fort differents ; l’vn bon, & l’autre mauuais, où ſelon que noſtre ame ſe trouue diſpoſée au bien ou au mal, elle éuite le precipice, ou tombe dedans.