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CHEZ NOS GENS

de suite, ils s’étaient mis à l’ouvrage ; et, quarante années durant, par les bons comme par les mauvais jours, hiver et été, pluie, neige ou soleil, sans relâche, ils avaient travaillé.

D’abord, il avait fallu faire reculer la forêt prochaine, abattre le grand bois, essoucher et débarrasser le sol ; puis étaient venus les premiers labours, si durs, en terre neuve ; puis la lutte, opiniâtre et longue, contre la nature rebelle, et, dans les champs agrandis, la tâche incessante au soleil qui brûle ou sous le vent qui hâle. À coups de hache et du soc de la charrue, Anselme avait taillé son domaine ; il l’avait fécondé à la sueur de son front ; par l’effort de ses bras, il en avait, pendant près d’un demi-siècle, tiré la vie. À ses côtés, sans jamais fléchir, Catherine aussi avait rudement besogné ; du matin au soir, son labeur avait réjoui les champs et la maison.