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CHEZ NOS GENS

Chaque jour, l’un ou l’autre inventait une raison pour emprunter une charrette, un outil, un instrument, et s’employer à quelque ouvrage ; c’était l’étable à nettoyer, une pagée de clôture à réparer, le jardin à sarcler, et tantôt ceci, et tantôt cela.

Ces occupations passagères n’étaient qu’un leurre ; ils n’y prenaient d’ailleurs qu’un intérêt fort mince. Désœuvrés, Anselme et Catherine, comme des âmes en peine, passaient les journées à ne savoir que faire. La vie leur devint bientôt ennuyeuse comme un carême.

Deux semaines, mornes et lentes, se passèrent ainsi. Anselme ne riait plus, et souvent Catherine pleurait dans son tablier, eux dont la vieillesse alerte avait été si gaie. Cependant, ni l’un ni l’autre n’avait encore osé avouer ses regrets.