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CHEZ NOS GENS

cesse elle variait ses jeux, bruissait contre les mousses, riait à travers les cailloux, descendait en cascatelle, et, avant de passer sous le pont, avant de s’en aller pour toujours dans l’inconnu, elle mettait à nos pieds, comme en un miroir, tout le grand ciel bleu réfléchi…

J’ai voulu la revoir.

Je me suis arrêté sur le chemin. Longuement j’ai regardé…

Et soudain, quelque chose en moi s’est brisé ! Le passé, tout à l’heure si vivant, ne m’apparaît plus que comme un rêve ; devant la réalité brutale, les images d’autrefois s’éloignent, s’évaporent et s’effacent.

Où donc est ma rivière ? Il me semble voir ce paysage pour la première fois. C’est bien le même, pourtant : voici le chemin du roi et le pont de bois ; voilà, à l’ouest, la maison, et là-bas, le vieux moulin. Mais je ne recon-