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CHEZ NOUS

me semble le voir, tout là-bas, presque dans l’histoire…

Le colon s’est taillé un domaine dans la forêt. Au milieu d’une éclaircie, il a dressé sa maison ; là est son amour, sa joie, son cher espoir. L’épouse paraît au seuil de l’humble cassine ; du regard elle accompagne son homme, qui s’éloigne la hache à l’épaule et en chantant…

Le sentier serpente, au grand soleil, entre les souches noircies…

Mais le bois debout est encore tout proche, et voici l’homme devant un grand érable dont le tronc robuste monte d’un seul jet dans le fouillis des branches. D’un regard de ses yeux clairs, il toise l’arbre comme pour se mesurer avec ce géant ; puis, un signe de croix ! et, soudain, il se dresse, ses reins se cambrent, ses muscles se gonflent… Et vlan ! le taillant de la bonne hache s’enfonce dans le bois vert, et vlin ! un éclat vole.

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