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CHEZ NOUS

bon sirop. S’il se produit une coulée extraordinaire, des disputes peuvent s’élever : « Ce tonneau est à moi ! — Non ! Je l’ai vu le premier ! »… On va en venir aux mains, quand tout à coup, un peu plus loin, un bondon saute, un flot bouillonnant s’échappe… Tous accourent, et ce sont des cris de joie : « Oh ! du pur sirop ! »

J’ai vu à l’ouvrage toute une famille d’écumeurs : le père, un peu honteux, tenait la chaudière commune, ses enfants couraient les tonnes. Le plus jeune ne savait pas résister à la tentation trop forte : de temps en temps, à la dérobée, il léchait sa cuiller… Et sa petite figure en était toute réjouie.

Quand les tonnes sont écumées, chacun s’en retourne chez lui, emportant de quoi régaler la famille.

Sans doute, le produit de cette industrie singulière n’est pas très pur. Un délicat aurait des haut-le-cœur devant cette mélasse