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CHEZ NOUS

coulait au bout du pré, derrière les saules ; et du puits à brimbale ; et des fleurs, et des oiseaux, et des papillons… Hélas ! le temps, a passé sur toutes ces choses. Nos vieilles gens nous ont quittés, répondant à l’appel d’en haut ; le grand noyer a été abattu par la foudre ; les fleurs sont fanées ; les oiseaux ont émigré ; et je pense que les papillons sont morts…

Vous souvient-il qu’un jour, au fond du jardin, au milieu des fleurs superbes, une petite plante d’apparence chétive sortit du sol ? Les œillets voisins, hauts sur tige, la regardaient avec mépris.

Un examen du brin d’herbe révéla que c’était un rosier !

Nous entourâmes le nouveau venu des soins les plus délicats.

Le pauvre petit était si frêle qu’un coup de vent l’eût déraciné. Le vent ne tua pas le rosier, qui mourut d’inanition, misérable-

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