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CHEZ NOUS

la vie des anciens, l’église où se plièrent leurs genoux, la terre qui garde leurs os ; c’est la glèbe que les aïeux fécondèrent d’un rude et pénible labeur ; c’est le trésor des traditions familiales, les saines coutumes du foyer, le culte du passé, la religion du souvenir ; et c’est peut-être aussi le parler des ancêtres, hélas ! et le respect de leurs croyances… C’est tout le patrimoine ancestral qu’ils abandonnent, c’est la patrie qu’ils désertent !…

Et pourtant, ô Terre maternelle, je te prie de ne point maudire ceux qui sont partis. Tous ne sont pas des ingrats. Si quelques-uns t’ont reniée et t’oublient dans la fumée des villes, ne sais-tu pas que, pour plusieurs, des drames douloureux purent seuls amener le dénouement du départ, et que de loin

ceux-là te restent fidèles, rêvent encore de toi, t’aiment d’un amour plus fort que l’exil ? Chéris-les toujours, ô terre, sous quelques

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