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UN POÈTE ILLETTRÉ

de la mesure, de la couleur et de la musique, des nuances et des demi-teintes, de l’éclat et de la douceur, de la souplesse et de la solidité, des mouvements qui se prolongent et des dessins qui se développent, tout l’organisme à la fois résistant et flexible du vers.

La nature ne fait qu’ébaucher le poète ; l’art achève de le former, a justement dit quelqu’un.

Or, il y a des gens qui, nés poètes, ne reçoivent pas cette culture nécessaire, et ne voient jamais lever la semence de poésie qu’ils ont dans l’âme. Ces illettrés se traînent sur la grande route, perdus dans la foule, isolés, souffrants, raillés, tourmentés par une soif qu’ils ne savent apaiser.

Je connais l’un de ces malheureux.

Pierre-Paul est né poète. — Je ne dis pas qu’il est poète ; je dis qu’il est poète.

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