Aller au contenu

Page:Rivard - Chez nous, 1919.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
chez nous

C’est l’aïeule, dont la voix chevrote et s’éteint. On a recours à elle, les soirs où les petites colères s’obstinent au fond du vieux ber ; car nul n’a comme la bonne vieille le tour d’endormir les enfants : elle en a tant bercé dans sa vie !

Surtout quand grand’mère est là, la famille aime à s’approcher du ber. C’est à qui y cueillera un sourire. Les têtes se penchent, curieuses ; les grands admirent ; les plus jeunes s’étonnent : « Mémère, il a des yeux ! — Mémère, il a un nez ! » La petite avant-dernière est là, elle aussi ; cramponnée à l’un des pommeaux, le cœur gros, elle boude ; elle a dû céder son ber, et le petit frère nouveau est un intrus qui la supplante ! La promesse que, ce soir, elle couchera dans le grand lit, à la place de papa, la console…

Et quand tout le monde dort dans la maison, on pourrait encore entendre le ber, ratta-