Page:Rivard - Chez nous, 1919.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
chez nous

Les grains bondissaient sur l’aire. Pan ! pan ! pan ! La sueur perlait aux fronts, mais, dans une rotation qui n’avait pas de cesse, les battes se relevaient, tournoyaient, retombaient sur les épis blonds. D’une battée, on emplissait un sac ; une airée n’attendait pas l’autre ; et, tout le jour, des chansons montaient dans l’air… Vieux batteur au flau, t’en souviens-tu ? »

✽ ✽

« En quoi, demande la fourche de bois, en quoi les instruments d’aujourd’hui valent-ils mieux que nous ?… Pour moi, j’étais une branche dans la forêt prochaine. C’est là que tu fus toi-même me quérir, un soir d’été ; toi-même, tu affûtas mes fourchons ; pendant des années et des années, ta main a poli mon bois. Toute d’une pièce et solide, t’ai-je jamais manqué ? me suis-je jamais