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LA LIAISON DES SYLLABES

260. — La voyelle est l’élément le plus important de la syllabe. C’est elle qui porte l’accent et la durée.

Il n’existe pas de syllabes sans voyelle.
xxxxBien que l’articulation des consonnes doive être claire et distincte, ce serait une erreur de lui assigner le rôle principal dans l’émission de la syllabe. Les consonnes ne font qu’encadrer la voyelle ; elles la font ressortir, elle lui donne du corps, de l’énergie. La consonne est sans doute capable d’une certaine harmonie imitative ; mais l’expression ne lui emprunte presque rien. Une articulation trop lourde nuit plutôt à l’expression ; il suffit qu’elle soit claire et distincte.

SECTION I

LA LIAISON DES SYLLABES

261. — Les voyelles et les articulations composant un mot doivent être liées ensemble et se succéder sans interruption perceptible du son, bien qu’il y ait à chaque syllabe une interruption du souffle.

Quelques associations de consonnes ne peuvent se prononcer sans arrêt perceptible ; ce sont celles qui réunissent deux consonnes d’un même groupe, par exemple, deux continues labio-dentales, deux explosives linguo-palatales, etc. : bp, bm, pm, pf, zs, dt, dn, tn, jch, gk ; aussi, ces associations ne se rencontrent jamais en français. Ce sont encore celles qui réunissent une vocalique et une soufflée, comme bs, sj, kz, etc. Aussi, quand, par exception, se rencontrent une vocalique et une soufflée, l’une des deux consonnes doit être modifiée ; l’usage veut que ce soit la première : devant une soufflée, une vocalique perd le murmure laryngien et devient elle-même la soufflée du même groupe ; devant une vocalique, une soufflée devient vocalique. Ainsi, dans disjoindre, s devient z : diz join dre ; dans obtenir, b devient p : op te nir. Par exception, dans quartz, c’est le z qui devient soufflée : kouarts. On dit cependant : kouar dz, pour quartzeux. En outre, s reste consonne soufflée devant m, marasme (ma ras me).