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MANUEL DE LA PAROLE

270. — La liaison des mots n’a lieu que dans les rencontres de deux voyelles, ou d’une consonne et d’une voyelle.

Deux mots, dont le premier finit et dont le second commence par une consonne, ne peuvent se lier. — Ex. : grand Dieu. — De même, un mot terminé par une voyelle ne peut se lier à un autre commençant par une consonne. — Ex. : Dieu puissant.

271. — La liaison de deux voyelles, c’est-à-dire de deux mots dont le premier finit et dont l’autre commence par une voyelle, se fait en supprimant la voyelle finale, et en faisant suivre sans arrêt la consonne qui la précède de la voyelle initiale du mot suivant. On appelle cette liaison élision. — Ex. : sage et savant (sag’ et savant).

Par l’élision, on évite l’hiatus, espèce de bâillement produit par l’émission consécutive de deux voyelles. Ainsi, il serait désagréable d’entendre et difficile de prononcer : la action, on dit : l’action.

L’élision de a dans la, de e dans le, je, ne, me, te, ce, se, de, et que, de i dans si, de oi dans moi et toi, quand elle a lieu, est toujours indiquée par l’orthographe au moyen d’une apostrophe. — Ex. : l’écriture, l’homme, s’il t’aime, c’est, donne-m’en, n’y va pas, s’aider, qu’on, etc.

La et le, pronoms, ou régimes d’un verbe à l’impératif, ne se lient pas. — Ex. : Fais-la entrer, dites-le aux ouvriers. Cependant, dans les vers, les poètes exigent parfois que le lecteur fasse cette élision. — Ex. :

Condamnez-le à l’amende, ou s’il le casse, au fouet. (Racine.)

L’e muet final suivi d’un mot commençant par une voyelle ou une h muette, s’élide toujours, bien que l’orthographe ne l’indique pas (sauf dans le, pronom, ou