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MANUEL DE LA PAROLE

La liaison artificielle est la liaison d’un mot terminé par une consonne, qui, muette dans le mot prononcé isolément, ne sonne que pour adoucir le passage au mot suivant. — Ex. : premier homme (premier r’homme).

La liaison d’un mot terminé par deux consonnes, dont la première seule est sonore dans le mot pris isolément, est naturelle, quand elle se fait au moyen de la consonne sonore, comme dans : discours éloquent (discour’éloquent) ; — artificielle, quand elle se fait au moyen de la consonne muette, comme dans : fort éloquent (fort t’éloquent).

275. — La liaison naturelle se fait toujours, quand les mots s’y prêtent.

La liaison artificielle se fait (quand les mots s’y prêtent et que les règles particulières à chaque lettre ne s’y opposent pas) dans les cas suivants :

a) Entre les mots qui ont un rapport grammatical, comme celui de l’article et de l’adjectif au substantif, de l’adverbe à l’adjectif et au verbe, du pronom au verbe, etc., c’est-à-dire entre les mots dont le premier n’a de sens que joint au second. — Ex. : un homme (un n’homme), très habile (très z’habile), etc.

b) Entre les termes des mots composés. — Ex. : pot-au-feu, porc-épic, avant-hier, pied-à-terre, etc. (pot-t’au-feu, etc.).

Cependant, c’est la liaison naturelle (c.-à.-d., avec l’avant-dernière consonne) qui se fait dans les mots arcs-en-ciel, chars à bancs, ducs et pairs, crocs-en-jambe, guet-apens, et maîtres ès-arts (arc’-en-ciel, etc.).

c) Entre les termes des locutions adverbiales. — Ex. : de temps en temps, dès à présent, de part et d’autre, tôt ou tard, tout à coup, etc. (de temps z’en temps, etc.).