Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Et vous serez aussi, brins d’osier, l’humble claie
Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l’étend,
Tout prêt pour le cercueil. — Son convoi se répand,
Le soir, dans les sentiers où verdit l’oseraie.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
L’ANGE ET L’ENFANT
Un ange au radieux visage,
Penché sur le bord d’un berceau,
Semblait contempler son image
Comme dans l’onde d’un ruisseau.
« Charmant enfant qui me ressemble,
Disait-il, oh ! viens avec moi ;
Viens, nous serons heureux ensemble :
La terre est indigne de toi.
Là, jamais entière allégresse,
L’âme y souffre de ses plaisirs :
Les cris de joie ont leur tristesse,
Et les voluptés leurs soupirs.
La crainte est de toutes les fêtes :
Jamais un jour calme et serein
Du choc ténébreux des tempêtes
N’a garanti le lendemain.
Eh quoi ! les chagrins, les alarmes
Viendraient troubler ce front si pur !
Et par l’amertume des larmes
Se terniraient ces yeux d’azur !