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MORCEAUX CHOISIS

Tandis qu’aux champs voisins s’ébat la foule immense ;
Le deuil étant fini, le travail recommence ;
On cherche, on glane, on trotte, on court par les chemins,
Sans soucis, ni regrets, comme chez les humains.
Chacun avait repris sa tâche familière ;
L’ombre venait ; j’ai dû quitter la fourmilière
Pour le château. Voilà, mon histoire en trois mots.

— Que je trouve d’esprit, Messieurs, aux animaux !
Dit Chapelle ; ils font honte à notre sotte engeance.
— C’est qu’on peut être bête avec intelligence,
Dit Sapho ; n’est-ce pas que les hommes sont fous ?
Et que le Fablier est le plus fou des hommes ?
— Non point ! C’est notre maître, à tous tant que nous sommes,
Dit Molière ; et nos noms, à tous, en vérité,
Feront cortège au sien chez la postérité. »

P. V. Delaporte.


UN SOU DE PLAISIR


Connaissez-vous rien de plus mélancolique que le lendemain d’une fête foraine ? Plus de curieux, plus d’acheteurs empressés, plus de réclames des marchands, plus de parades sur les tréteaux, plus de sauteurs en plein vent, plus de brioches toutes fumantes ou de gaufres parfumées. Les marchands, l’air un peu triste, déménagent tous les jolis objets étalés d’une façon si séduisante, et les rares passants circulent d’un pas pressé.

Je faisais comme eux, lorsqu’une musique bien connue arriva à mon oreille. C’était un orgue de barbarie, orgue criard, épuisé, poussif, accompagné d’un tambour et d’une paire de cymbales qui avaient la prétention de lui marquer la mesure. Tout cela n’empêchait point les petits enfants qui passaient de tirer la main de leur mère ou de leur bonne du côté de cette engageante musique, et on les entendait murmurer avec un accent d’admiration et de convoitise : « Les chevaux de bois ! »