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MANUEL DE LA PAROLE

C’était bien une morte à sa couche liée,
Une fleur abattue au-dessous du ciel bleu !
C’était bien la statue où l’âme est oubliée,
À qui l’art donne tout, hors le souffle de Dieu.

Eh bien ! le divin Maître anima la statue ;
Il fit rentrer son âme en son corps épuisé ;
Il rendit le parfum à la fleur abattue ;
Il rattacha la corde à ce beau luth brisé.

Et chacun le chanta dans son âme ravie,
Implorant un rayon de ce divin flambeau ;
Alors il dit : « Croyez ! la foi, c’est l’autre vie,
Qu’étouffe bien souvent le doute, autre tombeau. »

Puis il alla semer cette loi qu’on révère,
Au-dessus de tout bruit faire entendre sa voix,
Et remontant au ciel, en passant au Calvaire,
Abriter ses bourreaux à l’ombre de sa croix.



HISTOIRE DU CHIEN DE BRISQUET


En notre forêt de Lions, vers le hameau de la Goupillière, tout près d’un grand puits-fontaine qui appartient à la chapelle Saint-Mathurin, il y avait un bonhomme, bûcheron de son état, qui s’appelait Brisquet, ou, autrement, le fendeur à la bonne hache, et qui vivait pauvrement du produit de ses fagots, avec sa femme, qui s’appelait Brisquette. Le bon Dieu leur avait donné deux jolis petits enfants, un garçon de sept ans, qui était brun, et qui s’appelait Biscotin, et une blondine de six ans, qui s’appelait Biscotine. Outre cela, ils avaient un chien à poil frisé, noir par tout le corps, si ce n’est au museau, qu’il avait couleur de feu ; et c’était bien le meilleur chien du pays pour son attachement à ses maîtres.

On l’appelait la Bichonne, parce que c’était une chienne.