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MANUEL DE LA PAROLE

trop avancées et la pointe de la langue pas assez rap-

prochée des dents.

C’est le contraire du zézaiement.

109.—Exercices pour combattre le chuinte-

ment.

1. Répéter les exercices du No 99.

2. Répéter les exercices 2, 3, et 4 du No 107.

3. J’ai cherché des sous et j’ai mangé des choux.

§ 8. — LE GRASSEYEMENT

110.—Grasseyer, c’est substituer l’R palatale à

l’R linguale, c’est-à-dire faire vibrer la luette et le voile

du palais au lieu de l’extrémité de la langue. Ce vice

de prononciation vient quelquefois d’une certaine

paresse de la langue, plus souvent de l’affectation, ou

encore d’une habitude contractée dès l’enfance.


L’espèce de ronflement oscillatoire, représenté par la lettre r,

est produit par la vibration de la pointe de la langue, qui, appli-

quée contre les alvéoles dentaires supérieures, s’en écarte sous

la pression de l’air, pour revenir frapper le même endroit et

s’en écarter encore ; pendant que se fait cette espèce de trem-

blement, la base et le milieu de la langue sont immobiles, et

sa face dorsale est concave. Dans la prononciation de l’R

grasseyée, au contraire, la base de la langue est gonflée et

rapprochée du palais, et la pointe retombe inerte près des inci-

sives inférieures ; le souffle est arrêté au fond de la bouche,

au lieu de l’être près des dents ; et, dans l’effort pour vaincre

l’obstacle qu’oppose à son passage la base de la langue ainsi

soulevée, le courant d’air expiré met la luette et le voile du

palais en vibration,— vibration sourde et imparfaite, qui

ressemble plutôt à un G mouillé. Les grasseyeurs prononcent :

Paghis, pour Paris ; quelques-uns même suppriment totale-

ment la vibration, et disent avec une espèce d’aspiration :

Pahis.