Page:Rivarol - De l'universalité de la langue française.djvu/21

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livres ascétiques y sont admirables, et il semble que le commerce de l’homme à Dieu se fasse mieux en Espagnol qu’en tout autre idiome. Les proverbes y ont aussi de la réputation, parce qu’étant le fruit de l’expérience de tous les Peuples et le bon sens de tous les siecles réduit en formules, l’Espagnol leur prête encore une tournure plus sentencieuse : mais les proverbes ne quittent pas les lèvres du petit Peuple. Il paroît donc évident que ce sont & les défauts & les avantages de la Langue Espagnole, qui l’ont exclue à la fois de l’universalité.

Mais comment l’Italie ne donna-t-elle pas sa Langue à l’Europe ? Centre du monde depuis tant de siecles, on étoit accoutumé à son Empire et à ses loix. Aux Césars qu’elle n’avoit plus, avoient succédé les Pontifes, et la Religion lui rendoit constamment les États que lui arrachoit le sort des armes. Les seules routes praticables en Europe conduisoient à Rome ; elle seule attiroit les vœux et l’argent de tous les Peuples, parce qu’au milieu des ombres épaisses qui couvroient l’occident, il y eut toujours dans cette Capitale une masse de lumieres ; et, quand les beaux-arts, exilés de