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Vers l’amour

Belle amande aux yeux verts, dont la douce prunelle
Semble nous dérober un mystique regard,
Et change de couleur quand la saison nouvelle
Cède devant l’automne aux doigts d’ambre et de nard.
Tendre fraise des bois, Ô sœur des violettes,
Toi qui sers de lien aux timides amants,
Qui mêles ton haleine à leurs lèvres muettes
Apparaissant, dès l’aube, en rouges diamants.
Toi, moqueuse noisette, au sommet des feuillages,
Regarde les passants et ris à l’écureuil.
Pomme, dont la senteur enchante les ombrages,
Pare-toi de couleurs d’opulence et d’orgueil.
Fruits, ainsi que les fleurs, votre saison est brève ;
Vous naissez pour mourir ; votre rire d’un jour
Nous laisse le regret et le parfum d’un rêve :
Vous mourez au soleil sans connaître l’amour.



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