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BERTHE AUX GRANDS PIEDS

On entre. C’est Margiste. Elle approche, discrète,
À pas mystérieux qu’on n’entend point venir.
Elle dit : « Trois abbés sont en train de bénir
Le lit tendre et moelleux que l’amour vous apprête.
Quittez-moi ce beau voile et cette gorgerette…
Madame votre mère a dû vous prévenir.

« Je songe en vous voyant comme je fus heureuse,
Tel soir, aux bras subtils de feu mon cher époux.
Il était fort, il était tendre, il était doux.
Quand j’y songe, un grand vide en mon âme se creuse.
Mais sachez… En trois mots, prenez bien garde à vous :
Le roi Pépin le Bref a la main douloureuse.

« Le soin que j’ai de vous m’a su faire informer,
Discrètement, de la façon qu’il a d’aimer.
Je tiens tous ces détails de son premier concierge ;
Vous voyez, j’en suis pâle encore comme un cierge…
C’est un homme effrayant, surtout pour une vierge,
Un mari dangereux qu’il faudrait réformer. »