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Corot en jouit avec une certaine coquetterie. En passant par Paris, le 29, il donne de ses nouvelles à La Rochenoire en ces termes : « Je vais bien ; je travaille comme si j’avais 70 ans ».

Après une très courte halte à Paris, pendant laquelle, d’ailleurs, il a encore été voir un amiàArgenteuil (29 et 30 août) (i), le i" septembre, le voilà encore reparti. Il passe huit jours, du i" au 7, à Fontainebleau, à l’hôtel delà Sirène, occupé tout le temps à travailler en forêt avec Comairas (2) ; puis, du 8 au 21, il est, à Étretat, l’hôte de la famille Stumpf (3). Il rencontre sur la plage M. Henri Dumesnil, son commensal depuis nombre d’années aux dîners du café de Fleurus, qui rassemblent, le vendredi de chaque semaine, Barye, Aimé Millet, Français, Carolus Duran, Hanoteau, Matout et quelques littérateurs tels que Paul de Musset, Alphonse Leroy et Cantaloube. M. Dumesnil vient de bâtir sur la falaise une coquette villa ; il l’invite à y « r manger la soupe » Le lendemain, Corot envoie à son amphitryon, en guise de carte de visite, le portrait de sa maison (4). Telles sont les prévenances de son affection ; et aux remerciements qu’on lui adresse, il répond:« Oh ! c’est un simple mouvement du cœur ». Ces mouvementslà lui sont coutumiers. Il a rapporté de même autrefois d’Alise-Sainte-Reine, pour l’offrir à Aimé Millet, une vue de la colline que domine son Vercingétorix, peinte à son intention, dans un élan d’amicale tendresse (5). M. Dumesnil, qui n’est pas un ingrat, note ces traits, qui prennentplace au nombre des souvenirs que sa plume enregistreau jour le jour pour la gloire de son illustre ami et qu’au lendemain de sa mort, il jettera sur sa tombe, comme un bouquet de fleurs parfumées.

Corot rentre à Paris de nouveau pour le 22 septembre. Un de ses clients, l’acteur Surville, lui a demandé d’être, ce jour-là, le parrain de son enfant; la marraine est Rosa Bonheur. Sa commère n’a pas trouvé le chemin de son cœur. Quand il en parle, il fait la grimace. « Non, dit-il (6), je

(i) Voir le N° 2163.

(2) Voir le N° 2170.

(3) Voir les Nos 2054 à 2057, etc.

(4) N° 2060.

(5) N° 1436.

(6) Conversation avec M. Alfred Robaut, 19 novembre 1872.