s’assujettissait sur son tabouret en s’y cramponnant des deux mains… et levant la tête, regardait encore.
Alors un des convives, observant ce manège, fit part de ses réflexions à l’assemblée.
— Messieurs et mesdames, dit-il, je remarque que depuis quelques instants, le père Corbillard tient ses yeux levés vers le ciel, où il cherche sans doute à lire ; je crois pouvoir vous annoncer qu’il va passer mamamouchi, saint-simonien ou jésuite.
L’attention se porta alors sur Corbillard, qui restait toujours plongé dans sa contemplation extatique.
— Il a trop expédié de Beaune, dit l’un.
— De Pomard, dit un autre.
— De Nuits et de Chambertin, ajouta quelqu’un. Quand on s’appelle Corbillard, on ne devrait consommer que de la bière.
Ce bon mot eut un succès d’hilarité qui réveilla Corbillard.
— Allons ! s’écria-t-il en frappant violemment sur la table, décidément j’ai trop bu, ou il y a là de la magie blanche ou noire.
— De la magie ! de la chiromancie ! de la nécromancie ! C’est mes passions, à moi ! s’écria une mendiante. Voyons, qu’est-ce qu’il y a mon vieux ?
— Attendez !… je ne suis peut-être pas si fou que je crois… La lumière vient toujours d’en haut… la lumière me vient par le plafond !…
— En voilà du galimatias !
— Chut !… attention ! reprit le philosophe ; faites comme moi, regardez l’assiette des biscuits et des babas… et ensuite le ciel.
On fit ce qu’indiquait Corbillard.
Au bout, d’une minute à peine, on vit un baba, comme animé, d’un mouvement convulsif, se trémousser sur l’assiette, et après diverses oscillations folles, se décider à s’élever tout à coup vers les régions supérieures et s’évanouir dans le plafond.
— Ah ! ah ! exclamèrent tous ceux qui venaient de voir le prodige.
— C’est au moins le douzième qui caracole ainsi ! s’écria triomphalement Corbillard. Je disais bien aussi, dîable ! je n’ai bu que six bouteilles !
— Ils sont donc pétris avec de la pâte à Satan, ces biscuits !