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LES MENDIANTS DE PARIS

— Pardon, monsieur, ces détails ne vous intéressent pas.

— Au contraire… Y a-t-il quelques dépendances à cette maison ?

— Oui : salle de bains, volière, bassin, écurie et remise.

— Volière, bassin… rempli de poissons, sans doute… c’est très bien, dit Herman.

— Je ne vois pas là de grands avantages, répondit en souriant Pasqual. Mais je vais rendre compte à monsieur de mes courses de ce matin…

— Et cette maison est à vendre immédiatement ?

— Immédiatement. Mais, encore une fois, je demande pardon à monsieur de lui avoir parlé d’une chose aussi indifférente.

— Vous avez bien fait, Pasqual ; au premier mot que vous m’avez dit de ce pavillon retiré, solitaire, et pourtant si agréable, il m’est venu une idée… J’ai pensé à l’acheter, termina Herman avec quelque embarras.

— Je ne crois pas que ce soit un bon placement de fonds, dit l’homme d’affaires. Le pavillon a coûté cent mille francs à construire ; on le donnerait bien à présent pour soixante-quinze ou quatre-vingt mille mais je ne sais si, même à ce prix, il rendrait l’intérêt de l’argent.

— Il pourrait même ne rien rendre du tout, dit Herman, dont le visage se colora vivement.

— Ah !… c’est bien plus productif que je ne pensais ! dit Pasqual avec un expressif sourire.

— Mais… vous croyez, reprit Herman en balbutiant tout à fait cette fois, qu’une locataire s’y trouverait bien.

— Elle serait éblouie, transportée… Elle chanterait ! elle chanterait, ma foi, à faire concurrence aux rossignols, s’il y en a.

Rocheboise, au moment de cette ouverture, avait craint la rigidité de principes de son confident, et si l’occasion ne s’en fût présentée d’elle-même, il n’aurait pas osé entrer avec lui en semblable matière ; mais, au lieu de l’expression sévère qu’il redoutait, il trouva à Pasqual, en ce moment, une physionomie ouverte, propre à attirer la confiance, et lui dit avec abandon :

— Vous me trouvez peut-être bien coupable, mon ami, d’avoir de tels projets ?

— Non, répondit Pasqual d’un ton grave et réfléchi. À votre âge, monsieur, on a besoin d’amour comme d’air à