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les mendiants de la mort

odieuse… Alors, en désespoir de cause, je vous ai offert l’abri de cette pauvre mansarde, où sans doute on ne soupçonnerait pas votre retraite, à la condition d’y demeurer étroitement enfermé… vous avez accepté ce parti…

— Oui, avec joie.

— Donc, les billets de portefeuille…

— Dites le mot, les faux billets.

— Les faux billets sont restés sur vous, entre vos mains. Et, je ne vois pas en quoi leur existence vous agite à ce point, puisque vous seul pouvez en disposer, ce me semble.

— Grâce au ciel !

— Cependant, je ne vous conseille pas de les anéantir… attendez !

— Oui, tout cela est vrai… vous avez raison, Pasqual… mais je suis tombé bien bas… et mon imagination creuse l’abîme jusqu’à ce qu’elle trouve l’enfer.

Herman regarda autour de lui, et dit d’un ton de tristesse plus calme :

— Ici, mon âme va s’apaiser, je le sens… ce coin sombre et étroit me convenait pour y cacher ma vie… J’ai tant souffert au milieu de toutes les magnificences de la fortune ! J’avais besoin d’être retiré, seul, dans cette ombre… il me semble maintenant qu’en payant un tribut au malheur par toutes les privations qu’il me faudra subir, je serai plus épargné… d’ailleurs la pauvreté même de cet endroit me rassure et me soulage.

— Il s’en est bien peu fallu, monsieur, dit Pasqual, que nous fussions ici au-dessous de la pauvreté même… Nous avons quitté l’hôtel à la hâte, sans rien emporter avec nous.

— Eh bien ?

— Mais, tandis qu’une voix inconnue nous annonçait que nous pouvions fuir du passage Sainte-Marie, une main bienfaisante m’a tendue ceci :

Il ouvrit l’écrin.

— Comment ! dit Herman, une des parures de cette pauvre enfant !

— Oui, elle se trouvait par hasard sur notre passage, et m’ayant entendu dire qu’il ne nous restait plus rien, elle m’a tendu ces pierreries, dont le prix peut nous soutenir dans le premier moment.