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Page:Robert Arnauld d'Andilly - Stances Pour Jésus-Christ.djvu/21

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XXIX.

Ô prodige d'amour, quel est ce nouveau gage
Que tu nous viens donner, et qui nous est si cher ?
Quoi veux-tu, mon Sauveur, que nous mangions ta chair,
Et que ton propre sang nous serve de breuvage ?
Fermons les yeux du corps, ouvrons ceux de la Foi :
Ce mystère est si grand qu'il me met hors de moi,
Et par un change heureux te fait prendre ma place.
Possède-moi, Seigneur, avec un plein pouvoir ;
Je ne veux désormais occuper autre espace
Que celui qu'il me faut pour te bien recevoir.

XXX.

Si tous les Saints du Ciel sont remplis de merveille
De voir un Dieu caché dedans un corps humain ;
Comprendrons-nous qu'il soit sous l'espèce du pain
A l'instant que sa voix à frappé notre oreille ?
Comprendrons-nous aussi que ce corps glorieux
Soit le même à l'autel qu'il est dedans les Cieux,
Et qu'il puisse remplir infinis lieux ensemble ?
Ô Labyrinthe saint, quand nous pourrions trouver
Par quels moyens ton art ces mystères assemble,
Il faut nous perdre en toi, afin de nous sauver.