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Page:Robert Brasillach - La Mort en face (1946).djvu/13

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Quel don offrir à ma patrie
Qui m’a rejeté d’elle-même ?
J’ai cru que je l’avais servie,
Mais encor aujourd’hui je l’aime.
Elle m’a donné mon pays
Et la langue qui fut la mienne,
Je ne puis lui léguer ici
Que mon corps en terre inhumaine.

Et puis je laisse mon amour,
Et mon enfance, avec mon cœur,
Le souvenir des premiers jours,
Le cristal, le plus pur bonheur,
Ah ! je laisse tout ce que j’aime,
Le premier baiser, la fraîcheur,
Je laisse vraiment tout moi-même
Ou, s’il existe, le meilleur,

À toi, à la première image,
Au sourire de mon berceau,
À la tendresse et au courage,
À la féerie des jours si beaux,
Soleil même dans les sanglots,
Fierté aux temps les plus méchants,
Pour qui rien ne change à nouveau
L’âge qu’a toujours ton enfant.

Et pour toi, ma sœur, mon amie,
(J’ai passé, oh ! si peu de temps
Loin de toi, toute notre vie
Nos cœurs, du même battement
Ont battu), ce que je te laisse
C’est nos greniers des vieux printemps,
C’est les jeux de notre jeunesse,
Nos promesses d’étudiants,

C’est, parmi la neige glacée,
La gaîté qui restait la tienne,