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Page:Robert Brasillach - La Mort en face (1946).djvu/15

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Au destin, même bien masqué,
Nous disions oui d’une voix claire,
Quel qu’il fût. Et rien n’a manqué
Aux cadeaux qu’il pouvait nous faire.

Bien ou mal acceptons le lot !
Je le lui rends tout pêle-mêle
Mais je te laisse le plus beau,
Nos dix-sept ans, l’aube nouvelle,
La couleur du matin profond,
Nos années pareilles et belles,
Les enfants dans notre maison
Et notre jeunesse immortelle.

Et puis, voici, pour mes amis
Chacun leur carte-souvenir.
Vous d’hier et vous d’aujourd’hui,
Vous m’entourez sans vous enfuir,
Vous allumez sur mon passage
Le plus beau feu de l’avenir.
Je tends mes mains à vos images,
Elles me gardent de frémir.

Cher José, voici la Cité
Et la cour de Louis-le-Grand.
Georges, pour un futur été
Voici la route dans les champs.
Henri, voici les quais de Seine
Et les livres à feuilleter
Et le pays de la Sirène
Que nous aurions dû visiter.

Voici les Noëls de Vendôme
Notre-Dame des Pèlerins,
Le passé fut si beau en somme
Qu’il ne faut blâmer le destin.
Jusqu’au bout de nos années d’hommes
Nous aurons gardé le meilleur,