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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/44

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Jean Beaupère. — Cette fois où la voix vous montra votre Roi, y avait-il en cet endroit quelque lumière ?

Jeanne. — Passez outre.

Jean Beaupère. — Vîtes-vous quelque ange au-dessus de votre Roi ?

Jeanne. — Pardonnez-moi. Passez outre.

Jean Beaupère. — Votre Roi eut-il des révélations ?

Jeanne. — Avant que mon Roi me mît à l’œuvre, il eut plusieurs apparitions et belles révélations.

Jean Beaupère. — Quelles apparitions et révélations eut votre Roi ?

Jeanne. — Je ne vous le dirai point. Vous n’aurez pas encore réponse. Mais envoyez vers le Roi, et il vous le dira.

Jean Beaupère. — Pourquoi votre Roi vous a-t-il reçue ?

Jeanne. — La voix m’avait promis que mon Roi me recevrait assez tôt après que je serais venue vers lui. Ceux de mon parti connurent bien que la voix m’était envoyée de par Dieu, et virent et connurent cette voix, je le sais bien. Mon Roi et plusieurs autres ouïrent et virent les voix qui venaient à moi. Il y avait présents Charles de Bourbon, et deux ou trois autres.

Jean Beaupère. — Entendez-vous souvent cette voix ?

Jeanne. — Il n’est jour que je ne l’entende, et même j’en ai bien besoin.

Jean Beaupère. — Que lui avez-vous demandé ?

Jeanne. — Oncques n’ai requis à cette voix autre récompense finale, fors le salut de mon âme.

Jean Beaupère. — Qu’avez-vous fait devant Paris ?

Jeanne. — La voix me dit de demeurer en la ville de Saint-Denis en France. Et je voulais y demeurer. Mais, contre ma volonté, les seigneurs m’emmenèrent. Si toutefois je n’eusse été blessée, je n’en fusse point partie. Mais je fus blessée dedans les fossés de Paris, comme j’y étais arrivée